En me levant, c’est particulier, je me fais toujours la même remarque, mais qu’est-ce que je suis venu foutre là?! Dans ce lit qui m’est encore inconnu malgré la nuit passée à me tortiller, à me reposer et peut-être même à rêver… Dans cet endroit qui m’est étranger et que je vais quitter aussi rapidement que j’y suis arrivé… C’est drôle mais au réveil avant même d’ouvrir les yeux je pense à mon chez moi, à ma famille, à mes amis, à mon lit et ce avec une certaine nostalgie…
Je n’ai pas forcément la méga envie de recommencer, comme tous les matins, le même rituel… Ressentir mon corps, ses douleurs et ses courbatures dont certaines ne me laissent tranquille que trop rarement… Faire ma petite gym qui me permettra d’affronter cette journée… Prendre une douche, enfiler le pantalon et les bottes qui ne font presque plus qu’un avec moi vu les heures passées dedans… Mais je vais te faire rêver en te disant que je ne les lave à la main que toutes les deux semaines si j’en ai l’opportunité car ça prend du temps, je n’en ai qu’un et pour qu’il sèche je ne te raconte pas… Devoir enfin empaqueter toutes mes affaires et tous les jours d’une manière différente, impossible de s’en tenir à une seule façon ou bien tout simplement de s’en rappeler…
Peut-être qu’au fond, tous les matins, j’ai envie d’une chose, c’est d’être à la maison, chez moi, dans mon petit confort si rassurant et si apaisant… Je repense à la facilité de la routine qui ne te questionne pas, te laissant aller à tes habitudes quasi automatiques du quotidien, c’est presque rassurant en fait cette idée qui pourtant est si souvent critiquée…
Tous les matins je me lève sans avoir la moindre idée de ce qui m’attend, rien, ni la destination précise, ni la route que je vais emprunter, ni la météo que je vais trouver, encore moins les éventuels problèmes et obstacles auxquels je vais devoir faire face, seul… L’unique chose certaine c’est que je serai sur ma moto… Au final ça me permet de ne pas y réfléchir et de laisser venir les événements selon leur gré, c’est peut-être déjà ça de moins à penser…
Tous les matins pourtant, après avoir enfin ouverts mes paupières, je commence à retrouver l’excitation qui me pousse à voyager de cette manière, une excitation de la découverte, de l’émerveillement et d’une volonté de voir le monde défiler tel qu’il est et non tel que j’ai pu me l’imaginer… En envisageant ce voyage, je me suis figé de nombreuses fois face à une carte du monde en imaginant à quoi pouvaient bien ressembler les paysages, les villes et les routes que j’allais traverser… En le faisant, ce sont des souvenirs, des moments, des ressentis et des visages que je réussis ensuite à placer sur l’imaginaire qu’une carte me procure lorsque je la regarde pour voir le chemin parcouru…
Ces voyages me font rêver et me font vivre même si je suis parfois incertain… Au fond, tous les matins, je doute, tout simplement… Je dois alors vite enfourcher ma moto et avancer vers l’inconnu… Un inconnu qui nous ouvre ses portes, à ma moto et à moi…