Bakou

Je suis arrivé à Bakou, capitale de l’Azerbaidjan, avec la volonté de prendre un bateau direction Akthau au Kazakhstan, bien que finalement j’y ai renoncé… J’ai d’ailleurs voulu obtenir des infos concernant cette traversée car tu ne peux les avoir qu’en allant directement au port… Mais mon gars, tu ne peux pas créer un point de vente unique avec toutes les compagnies rassemblées en un seul et même endroit ? C’est si compliqué que ça ?!?! J’ai envie de dire des gros mots, plein de gros mots tellement ça m’énerve ce manque de logique et de simplicité… Non, tu dois te taper plus d’1km !!! 1km !!! Sous un soleil de plomb le long des quais pour trouver ce foutu trou où ils te vendent les billets, oui un trou, genre baraquement de chantier de 2m2… Mais bien évidement, sur le chemin qui t’y mène, personne ne sait où elle est cette boite à sardine, tu penses bien, tout le monde sur le port t’indique une direction mais sans savoir s’il te reste 5min ou 30 à marcher, aucune indication officielle non plus, c’est juste une blague !! C’est quand même l’un des ports les plus importants de la mer Caspienne !! Ça me fait d’ailleurs penser à ma quête du dépôt DHL à Tbilissi, mais ça c’est encore d’une autre dimension… Bref !!!!!! Revenons à Bakou, le seul endroit qui consacre à lui seul l’ensemble des choses à voir en Azerbaïdjan, ça ne te fait pas rêver, ça c’est certain, mais bon, cette ville est au final agréable…

C’est drôle, la première chose qui me vient à l’esprit après quelques jours ici, c’est qu’en fait, c’est un peu comme la Turquie, à la différence qu’ici c’est moins cher, vraiment moins cher que la Turquie… Mais bon, tu ne trouves que des Kebab, hihi, je déconne il y a aussi les portraits du président dans tous les recoins, en veux-tu, en voilà, sans oublier la présence du drapeau en arrière fond, un peu comme avec Erdogan, à croire qu’ils ont demandé un prix de groupe au même photographe pour sa capacité d’innovation, bref… En parlant de drapeau, ils ont l’un des plus grand du monde posé en bord de mer, juste imposant le bout de tissu, je me marre bien en imaginant le type qui est chargé d’hisser le drapeau quotidiennement, ahah, mais non il n’y en a pas crétin… En plus d’avoir le drapeau le plus grand du monde, il y aurait, il parait, le plus grand KFC du monde… C’est quoi le délire?! N’empêche je suis quand même allé voir ce que ça donnait… C’est un KFC en fait, simplement…

Cette ville veut montrer la puissance économique de ce pays basé sur le pétrole et ça se voit, c’est « propre », heum heum, c’est vert et c’est haut… Propre tu disais ? Oui oui ! Mais pourquoi la mer elle a cette couleur ? Quoi, de quoi tu parles ? Oui, quand tu t’approches des rivages tu constates deux choses, qu’il n’y a pas de plages et qu’il y a des reflets particuliers sur l’eau… Mmmmh, coïncidence ?! En fait, à force de trouer dans tous les sens pour sucer le pétrole à la terre, cette puissance ne permet pas à ses habitants de pouvoir se baigner en mer… Simplement car elle est pleine de pétrole, ça se voit et c’est moche de le réaliser… D’ailleurs quand j’ai demandé au responsable de l’auberge s’il y avait des plages où faire trempette, il m’a regardé avec des yeux remplis d’une abime des plus profonde… Qu’est-ce qu’il y a ?! J’ai un truc sur le visage ? Ah non, c’est juste qu’il n’y en a pas de plages… Mais il n’y a pas la mer juste là à 500m ? Et qui dit mer, dit eau, qui dit eau dit baignade et par conséquent plage non ? T’es pas d’accord ? Non, faut éviter de toucher l’eau… Ok, c’est saisi, on évitera le plongeon tête la première et on se contentera d’une douche dans cette belle auberge! Maintenant que j’y pense, c’est peut-être pour ça que je n’ai pas vraiment eu l’impression qu’il y avait beaucoup de restaurants qui proposaient des produits de la mer… No Comment !

Le lieu touristique se base autour d’une vieille ville très agréable remplie de ruelles qui sillonnent une toute petite colline et de bâtiments d’une architecture d’un autre temps, même si pleinement rénovés…

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Le soleil est d’un autre calibre, on sent bien la différence par rapport à la Géorgie, en tout cas ma peau de roux le sent très bien… Heureusement il y a des arbres, quotidiennement arrosés… Mais dès que tu sors de la ville, tu ne vois que le désert… En dehors de Bakou, l’Azerbaïdjan est une pleine désertique avec quelques montagnes aux frontières avec la Russie et l’Arménie… DSC05222DSC05208Tu te demandes ce que ça vient faire ici ce truc? C’est en fait l’une des activités touristiques majeures de l’Azerbaïdjan…………. Oui oui, de fameux dessins datant de je ne sais quand gravés dans la roche… Ça fait rêver… Mais c’était sympa…

J’ai décidé de « rentrer »

Je suis à Bakou, mais j’ai décidé de « rentrer »… Oui, je rentre…

J’en ai marre, même plus que ça, je suis dégouté… Dégouté par le fait que mon corps ne veuille pas suivre la volonté que je porte en moi depuis des mois… J’ai cette douleur sous l’omoplate qui ne me lâche pas et qui s’étend sur toute la zone droite de mon dos, saloperie… Tous les jours elle est là et je me la trimballe malgré tout car j’ai envie d’avancer, j’ai envie d’atteindre mes objectifs, celui du voyage en moto vers l’Est… Mais je dois me résigner pour ne pas devoir regretter… C’est bien beau mais au fond la décision de rentrer n’a pas du tout été facile à prendre, loin de là, car des regrets j’en aurais de toute manière eu, peu importe quelle direction j’allais choisir…

C’était une belle journée ensoleillée, une magnifique journée pour aller faire une virée dans le Caucase qui m’a finalement fait réaliser que je ne pourrai pas affronter le désert étouffant d’Asie centrale… Pourtant il me nargue en me pointant son nez de l’autre côté de la mer Caspienne alors que j’écris ces lignes… Non, je ne peux pas mais surtout je ne veux plus, je m’en suis finalement convaincu… Car au fond, le faire à moitié, en pensant à cette douleur et aux risques que j’encours de me retrouver à des kilomètres d’une aide quelconque bloqué sous une chaleur accablante, c’est un plaisir inachevé, un rêve amputé… Pas de cette manière, non je ne veux pas… Une décision qui aura vu des larmes coulées le long de mes joues, de grosses larmes, ça faisait longtemps que je n’avais pas autant pleuré, je l’avoue et ça ne me dérange pas de le faire… Je revois encore ces visages dans cette petite ruelle perdue de Géorgie qui me regardent inquiets en se demandant pourquoi je suis seul à pleurer comme ça face à mon téléphone à la recherche d’une « épaule » sur laquelle essuyer mes larmes… Mes proches en sont témoins, eux qui ont dû subir à des milliers de kilomètres de distances le désespoir de ma voix tremblante…

Au fond, j’ai peut-être enfin pris conscience d’une réalité que j’ai voulu étouffer pour ne pas devoir la prendre en considération… Car en le faisant, je ne serai tout simplement pas parti… Oui, j’ai enfourché ma moto un matin gris de Mai alors que j’avais cette douleur, oui je suis un peu con et énormément buté, voir même inconscient, mais ça m’arrive souvent quand je suis à moto… Aujourd’hui j’écoute et intègre pleinement les avis, voire les injonctions de mes plus proches amis et de ma famille… Penser à sa propre santé, il n’y a rien de plus important, c’est vrai, ma santé physique passe avant tout, mais ma santé morale ? Cette dernière en a pris un sacré coup depuis quelques jours, j’ai été au fond du trou, seul, à ne pas savoir quoi faire car aucune porte ne me menait à une décision dépourvue de remords… Je me suis même demandé si je n’allais pas avancer en sac à dos mais sans prendre d’avions pour continuer à tracer mon chemin sur terre… Mais je me connais, traverser des régions assis derrière une vitre à regretter de ne pas être sur ces pistes posé sur ma bécane ça ne va pas être possible, non ça je ne peux pas… Ce voyage je l’ai pensé en tant que motard, pas autrement… Donc je vais rentrer et laisser mon imaginaire encore inhabité par ces régions… C’est pas grave, je reviendrai, ça j’en suis plus que certain…

Quelques beautés géorgiennes

Il n’y a pas que les paysages qui valent le détour en Géorgie, certains sites, disons plus touristiques, sont vraiment étonnants… Bien évidemment il est nécessaire d’aborder les sites que l’on visite avec un certain état d’esprit, sans quoi la visite peut vite tourner à une simple banalité sans intérêt… Si je met en évidence ce point, c’est parce qu’en visitant les sites dont je vais parler dans cet article, j’ai pu observer comment certaines personnes « passent à travers » les lieux sans vraiment prendre le temps de les vivre… On vient, on passe, on prend une photo, on regarde la photo qui vient d’être prise et on repart… Un sens peut-être un peu flou que je ne vais pas forcément développer ici mais je pense que t’es assez malin pour lui donner une certaine netteté par toi-même…

Différents monastères peuvent être visités en Géorgie mais celui qui m’a le plus marqué se situe proche de la ville d’Akhaltsikhe, le monastère de Sapara… Faut dire que les informations sont justes inexistantes pour ce monastère, c’est d’ailleurs grâce aux conseils et indications d’un guide croisé plus tôt dans la matinée sur une terrasse que j’ai pu découvrir ce lieu… Arrivé là-bas, après avoir traversé une route en travaux, j’ai d’ailleurs dû attendre qu’une énorme machine finisse son boulot d’écrasement du mélange rocailleux déversé préalablement sur la piste pour pouvoir le faire, je me retrouve seul, personne sur place, juste moi et mon appareil photo…

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Après avoir visité les alentours, je m’attaque à l’intérieur…  Je m’attendais à trouver le même vide sidéral que j’ai pu rencontrer en entrant dans la plupart des monastères que j’ai visités les jours précédents, que ce soit en Géorgie ou en Arménie… Monastères dont le seul intérêt s’est porté sur l’architecture extérieure, très beau par ailleurs, mais il manquait quelque chose à ces enveloppes dépourvues de substances… Bref, l’entrée dans le monastère de Sapara a été accompagnée par une série de bouche ouverte jusqu’au sol et d’yeux globuleux d’enfants émerveillés… Je suis conscient maintenant que cet état a pu être donné par l’ascenseur émotionnel provoqué par la confrontation entre l’absence totale d’attente de ma part et la réalité de ce lieu… En attendant, sur le moment, j’étais aux anges… Je suis resté là, seul, immobile presque, à fixer les innombrables fresques abimées de ce monastère… Bon, j’aime les monuments religieux, c’est vrai, et je suis plutôt sensible à l’impact qui découle de ces pierres et de ces peintures murales dont l’histoire est toujours à découvrir puisque unique…

Je tombe alors sur des petites gravures qui sont, disons, de types profanes, hihi. Moi, je veux savoir c’est quoi ces inscriptions qui ont été faites sur les fresques!!! Qui a laissé faire ce genre de choses!! Je fais le gars outré mais en réalité ça donnait vraiment un plus à ces murs… Du coup je demande au type qui est là, confiant bien évidemment du fait qu’il parle anglais, c’est quoi ça?? Et là, grande surprise, le type parle un anglais presque parfait, loin du mien par ailleurs, et se laisse ensuite tout naturellement aller à m’expliquer le pourquoi du comment de ces inscriptions, le sens de chaque fresque et l’histoire de leur réalisation… Certaines ont été faites par trois générations de monarques régionaux qui ont chacun voulu effectuer une couche sur les strates précédentes, en mettant leur beau portrait en évidence, mwouais… Bref, comme quoi l’intrigue peut parfois te mener à une belle visite guidée donnée par le moine responsable du lieu…

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Les inscriptions ont été faites par des inconnus, non répertoriés, après que les fresques aient été recouvertes d’une belle couche blanche et unie, volonté religieuse de rendre ce lieu pure de toute souillure, bravo… Du coup, lorsqu’ils ont voulu retrouvé ce qui se cachait en dessous, en se disant que c’était peut-être plus intéressant que d’avoir un lieu typé salle d’attente d’hôpital, ils ont remarqué que les marques avaient traversé la première couche, encore bravo… Bref, c’est clair que là t’es posé sur tes fesses en train de lire ces lignes avec le plus grand ennui en te disant que je me fous surement de ta gueule et peut-être même un peu plus en parlant de ça, genre Il est où l’intérêt là mon gars?!?! Ce qui est sûr, c’est qu’être sur le lieu avec le barbu dans sa toge, qui te parle d’une voix douce dans un lieu aussi apaisant que l’intérieur d’un lieu religieux, et ce de l’histoire de celui-ci, et ben je peux te dire que ça m’a juste donné des petits frissons… Non il n’était pas du tout attrayant le type, non non tu fais fausse route, c’est vraiment comme je te le raconte…

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Ah oui, puisque j’étais seul et vu qu’il était bien content de l’intérêt que je portais à cette bâtisse et à tout ce qu’il me disait, il m’a laissé prendre des photos alors que c’est interdit… D’ailleurs quand d’autres visiteurs sont arrivés par la suite, eux, n’ont pas pu… Hihi! 🙂 Mais comme je te l’ai dit avant, ils sont venus, ils ont vu et ils sont partis…

Le monastère de David Garedja, au sud de Tbilissi, le long de la frontière d’Azerbaijan, n’est quant à lui pas forcément intéressant en soi, bien que, mais les paysages qui t’y mènent le sont et le parcours que j’ai pris l’est encore plus parce que c’était juste une blague!!!! Une piste herbeuse qui commence parfaitement, magnifique et vraiment agréable à rouler mais qui se transforme en un parcours à obstacle juste hallucinant!! Je capte rien, on m’a dit que des minibus passaient par là!! Tu te fous de moi, y a à peine la place pour ma bécane!! Bon, moi, comme un blaireau, j’ai suivi Maps.Me sans me poser vraiment de question avant d’arriver vers le monastère et de me rendre compte qu’il y a une autre route, une route tout bêtement…  Bref, un autre bon moment de peine solitaire qui restera gravé dans ma mémoire…

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J’étais tellement épuisé par cette piste et puisque je n’ai réussi à trouver que de l’eau provenant d’un vieux bidon bleu posé là à l’entrée du monastère, je me suis pas trop éloigné… Mais on m’a raconté que des douaniers azerbaijis se baladaient par là pour éviter que tu ne rentres dans leur territoire… Moi je suis resté là, juste là où tu me vois… Mais en rentrant j’ai profité d’un bel endroit perdu dans un petit village pour siroter un coca, petit péché des vacances en attendant qu’un villageois ramène une bouteille de 5l remplie d' »essence » pour dépanner…

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Autre site splendide et plutôt singulier, la Cave de Prométhée… Wouahou!! Cave dans laquelle le petit malin a été jeté par le grand chef après avoir redonné le feu aux humains… Merci!! Une cave longue d’un kilomètre et des poussières mais ce qui impressionne ici, c’est la hauteur du plafond, ahah! J’ai déjà vu des caves du même genre en Bulgarie et en Grèce, mais là c’est d’une autre dimension…

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Bon je vais m’arrêter là concernant les sites à visiter mais comme je te l’ai peut-être déjà dit, ici, c’est le pays en soi qui est beau… Le Caucase est à couper le souffle… Voilà, à plus!

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Tbilisi (suite)

Me revoilà dans la capitale géorgienne… Après avoir visité la cave de Prométhée (incroyable) à Koutaissi, je retourne ici pour attendre mes pneus avec l’espoir de pouvoir aller en Azerbaijan dans 3-4 jours… J’ai un sacré doute puisque mon passeport italien avec le visa azerbi n’a pas de tampon géorgien, du coup j’ai un peu l’appréhension d’entendre le douanier me demander avec quel passeport je suis entré et sorti de Géorgie… Mon culot à l’ambassade ne pourra pas être réitéré à la douane, non non!! Pas pour moi!! Du coup je vais peut-être devoir lui montrer mon passeport suisse pour qu’il vérifie les tampons géorgiens qui sont bien évidemment sur la même page que ceux de l’Arménie… No Comment!!! Bon, la route vers la Russie sera de nouveau ouverte d’ici là et je pourrai toujours rebrousser chemin, encore et encore…

En attendant, je deviens petit à petit un habitant de Tbilisi, j’ai mes habitudes, mes connaissances et je commence vraiment à m’approprier l’endroit… D’ailleurs, deux personnes m’ont mis la puce à l’oreille… Hier soir un américain des plus « colonisateurs », souhaitant sauver la Géorgie en essayant d’inculquer à ses habitants la Western mentalité, qu’il me dit, me propose d’enseigner dans une British School à Tbilisi afin de les « aider »… Ahahah, ben voyons mon gars t’es bien gentil mais moi avec ma tronche et mon humour à deux balles tu penses que je vais aider quelqu’un?? Arrête de te foutre de ma gueule merci!! Bref, il insiste car pour lui c’est à travers les jeunes que l’on peut essayer de faire avancer les choses et j’ai l’air intelligent, ahahah, t’es surtout drogué mon gars… Je reprends ses termes donc ne me flanque pas une étiquette de blaireau, merci à toi! Ok, c’est vrai que les types ici retirent le filtre à particules de leur voiture pour le vendre sur internet, faisant ainsi de la Géorgie un des pays ayant la chance de faire partie du Top 10 des plus polluants du monde… Presque sans industries… Oui oui, c’est une étude faite cette année qui l’atteste… Bref, je te trouve sympa avec ton arrogance américaine salvatrice du monde mais moi j’ai un autre projet que de m’infecter les poumons pour le moment… Mis à part ça, la Géorgie reste un pays à visiter!!!!! Oh que oui mon garçon!!! Donc n’hésite pas et raboule ton popotin ici pour t’en mettre plein la gueule!! Mais n’oublie pas ton K-Way…

Laissons tomber tout ça et revenons à ce qui nous intéresse ici, à savoir Moi… Ahahahah, toujours aussi prétentieux le type… Ce soir, au jazz bar où j’ai élu domicile depuis quelques temps, la patronne me dit tout simplement que je devrais venir vivre ici car du boulot il y en a et que j’ai l’impression d’aimer l’endroit… C’est vrai que j’aime ce pays, les gens sont vraiment sympas, la bouffe est bonne, les paysages magnifiques, il y a de tout en Géorgie, la mer, les montagnes culminants à plus de 5000m, des steppes, un jazz bar à couper le souffle, bref tout ce que l’on veut… Mais moi j’ai un autre projet, celui de partir d’ici pour continuer mon voyage donc ce sera pour une autre fois peut-être, qui sait… Non Maman ne t’inquiètes pas, je ne vais pas m’établir ici indéfiniment… En tout cas pas pour le moment… C’est vrai que lorsque tu dis que tu enseignes, les portes célestes s’ouvrent à toi, du genre Mais t’as qu’à venir enseigner ici!!! A Genève trouver un poste est de l’ordre du miracle, dans le monde c’est comme acheter une bouteille d’eau, à la porté de tous… Pourquoi pas au final…

En attendant, moi je mange des tomates qui sont peut-être très polluées, mais d’un goût, mais d’un goût!!! Il n’y a pas de Migros ici, ou de Coop, juste les marchés… Les gens viennent avec leur voiture chargée de légumes et de fruits… Juste le pied!!

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A part manger, moi j’ai besoin de bouger, et puisque tourner en rond en moto, c’est pas vraiment un plaisir personnel, je transite dans la ville tel un perdu cherchant son chemin…

DSC04784 DSC04796 DSC05024 DSC05027 DSC05028Pas mal le chemin n’est-ce pas? 🙂

Bon moi je n’ai plus d’imaginations et encore moins l’envie d’écrire donc j’espère que ces quelques lignes t’auront fait un peu voyager, un tout petit peu, et que tu reviendras prendre des nouvelles…

L’Ailleurs mis en examen

Lors de mes études… Mes études oui! Et voilà ça recommence!! Oui j’ai étudié, pourquoi tu te marres?! C’est ma tronche qui ne colle pas avec un gars qui aurait fait des études?! Bref, je vais faire comme si je n’avais rien entendu!

Lors de mes études, j’ai été confronté à la thématique du discours binaire du voyageur, de l’explorateur face à l’Ailleurs mis en confrontation avec l’Ici, avec le Moi qui se détache de l’Autre… Ahhhhhh mon dieu ça recommence!! J’ai écrit un mémoire de 120 pages là-dessus que j’ai eu du mal à roter et maintenant je me retrouve encore à utiliser ces termes!! Ils me poursuivent!! 🙁
Bon je vais faire un effort…

J’ai beaucoup insisté sur la comparaison dépréciative qui était faite sur l’Ailleurs par les explorateurs du XIXe siècle et sur les implications de celle-ci dans l’imaginaire que Genève s’était construite du monde… Et ben mon gars, ça m’arrive de faire la même chose!!! C’est affreux pour moi de m’en rendre compte!! J’adore voyager, j’aime découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles villes, de nouvelles saveurs, mais il m’arrive parfois de comparer tout ça avec notre belle Suisse, ses montagnes, ses parcs, ses lacs et ses routes… Comme tu t’en doutes sûrement la Suisse gagne bien trop souvent haut la main…

Bon ok mais pour moi le monde est beau en soi peu importe le regard qu’on porte sur lui ou les jugements qu’on peut lui étiqueter, il est comme il est, point barre… Du coup lorsqu’on me pose cette question Alors c’était comment ? Je ne peux pas m’empêcher d’avoir deux opinions… La première est celle un peu naïve de dire que c’était simplement comme c’est et que je n’ai pas vraiment d’avis à donner car j’ai l’impression qu’on peut vite tomber dans la comparaison lorsque l’on décrit ce que l’on a vu et celle-ci est bien souvent donnée au détriment du lieu visité, du moins pour les lieux que j’ai pu traverser en moto… C’est pourquoi je réponds Euhhhhhhh… Bon tu vois le tableau… La deuxième est toujours la même… C‘était simplement beau… Beau en soi car tout bêtement incomparable…

Dire le contraire c’est se laisser aller à une comparaison inutile ou écouter ses propres ressentis… Je suis plutôt du genre à essayer d’éviter ces deux derniers pour pleinement apprécier chaque endroit, chaque personne, chaque plat et me donner ainsi les moyens de les regarder tels qu’ils sont et non comme un simple point de comparaison et de descriptions…

Le monde ne se juge pas, ne se compare pas, il se découvre… Tout simplement…

Avancer

C’est fou, j’aime la moto!! J’aime être posé sur celle-ci et rouler, faire de la route, prendre des virages, accélérer!! C’est une sensation magique… Je me suis néanmoins rendu compte d’une chose en restant bloqué en Géorgie, c’est qu’au fond ce que j’aime vraiment c’est d’avancer!!! Le voyage en moto te permet de prendre du plaisir sur cette machine unique mais elle te permet surtout de rendre ton voyage incomparable car c’est toi qui te le construit dans tous ses aspects… Tu vas où tu veux, quand tu veux et tu décides toi quand t’arrêter ou de continuer et d’avancer!!

Je suis allé voir tous les recoins de la Géorgie, les différentes villes, les différents paysages que l’on peut trouver dans ce surprenant pays… Mais je me retrouve au même point… C’est étrange car j’ai tout de même roulé… Mais je n’ai pas avancé… Je n’arrive pas trop à m’expliquer pourquoi ce n’est pas la même sensation que lorsque j’ai traversé la Turquie ou l’Arménie, j’ai l’impression que c’est derrière moi maintenant et que je suis passé à autre chose car j’ai avancé… Ici, en Géorgie, je l’ai fait pour ensuite revenir en arrière, c’est ça qui ne me va pas, je suis bloqué et ce malgré ma moto et moi… Je ne veux reprendre la route qu’une fois que je serai sûr de pouvoir aller de l’avant pour ne plus revenir, pour ne plus rebrousser chemin mais juste pour avancer… Au final c’est cet aspect là du voyage en moto qui est important pour moi et qui me procure vraiment du plaisir, pouvoir avancer et voyager en faisant de la moto et non uniquement faire de la moto… L’important c’est donc d’aller de l’avant…

Tous les matins

En me levant, c’est particulier, je me fais toujours la même remarque, mais qu’est-ce que je suis venu foutre là?! Dans ce lit qui m’est encore inconnu malgré la nuit passée à me tortiller, à me reposer et peut-être même à rêver… Dans cet endroit qui m’est étranger et que je vais quitter aussi rapidement que j’y suis arrivé… C’est drôle mais au réveil avant même d’ouvrir les yeux je pense à mon chez moi, à ma famille, à mes amis, à mon lit et ce avec une certaine nostalgie…

Je n’ai pas forcément la méga envie de recommencer, comme tous les matins, le même rituel… Ressentir mon corps, ses douleurs et ses courbatures dont certaines ne me laissent tranquille que trop rarement… Faire ma petite gym qui me permettra d’affronter cette journée… Prendre une douche, enfiler le pantalon et les bottes qui ne font presque plus qu’un avec moi vu les heures passées dedans… Mais je vais te faire rêver en te disant que je ne les lave à la main que toutes les deux semaines si j’en ai l’opportunité car ça prend du temps, je n’en ai qu’un et pour qu’il sèche je ne te raconte pas… Devoir enfin empaqueter toutes mes affaires et tous les jours d’une manière différente, impossible de s’en tenir à une seule façon ou bien tout simplement de s’en rappeler…

Peut-être qu’au fond, tous les matins, j’ai envie d’une chose, c’est d’être à la maison, chez moi, dans mon petit confort si rassurant et si apaisant… Je repense à la facilité de la routine qui ne te questionne pas, te laissant aller à tes habitudes quasi automatiques du quotidien, c’est presque rassurant en fait cette idée qui pourtant est si souvent critiquée…

Tous les matins je me lève sans avoir la moindre idée de ce qui m’attend, rien, ni la destination précise, ni la route que je vais emprunter, ni la météo que je vais trouver, encore moins les éventuels problèmes et obstacles auxquels je vais devoir faire face, seul… L’unique chose certaine c’est que je serai sur ma moto… Au final ça me permet de ne pas y réfléchir et de laisser venir les événements selon leur gré, c’est peut-être déjà ça de moins à penser…

Tous les matins pourtant, après avoir enfin ouverts mes paupières, je commence à retrouver l’excitation qui me pousse à voyager de cette manière, une excitation de la découverte, de l’émerveillement et d’une volonté de voir le monde défiler tel qu’il est et non tel que j’ai pu me l’imaginer… En envisageant ce voyage, je me suis figé de nombreuses fois face à une carte du monde en imaginant à quoi pouvaient bien ressembler les paysages, les villes et les routes que j’allais traverser… En le faisant, ce sont des souvenirs, des moments, des ressentis et des visages que je réussis ensuite à placer sur l’imaginaire qu’une carte me procure lorsque je la regarde pour voir le chemin parcouru…

Ces voyages me font rêver et me font vivre même si je suis parfois incertain… Au fond, tous les matins, je doute, tout simplement… Je dois alors vite enfourcher ma moto et avancer vers l’inconnu… Un inconnu qui nous ouvre ses portes, à ma moto et à moi…

Bloqué en Géorgie 2

Alors maintenant c’est plus que confirmé!!!! Je suis bloqué en Géorgie et cette fois-ci ça risque d’être pour un bon bout de temps!! Aujourd’hui même je me suis présenté à l’ambassade suisse pour avoir des informations un peu plus officielles… Ouais… Tout d’abord la route est belle et bien fermée… Il y a 5 jours on m’a donné comme info « il leur faudra 12-15 jours pour nettoyer la route », bien!! Aujourd’hui l’info c’est « il leur faudra 15 jours pour nettoyer la route », pas bien!! T’as vu le problème toi-même ou il faut te redonner des cours de mathématiques? Parce que là sérieux je ne peux rien faire pour toi si tu ne l’as pas compris tout seul… Mais bon, étant donné que je n’ai rien à faire de mes journées en ce moment je vais prendre le temps de t’expliquer… On se fout royalement de ma gueule là!!!!! Voilà, c’est plus clair maintenant? T’as compris? Je pense que ça ne sert à rien de t’expliquer clairement parce que là franchement la blague est beaucoup trop évidente…

Première super info, donc moi de mon côté j’ai déjà prévu un plan B, un plan C, un D et même un E!!! Et oui mon gars, c’est comme ça, j’arrive à prévoir l’imprévisible!! C’est pour ça que je suis bloqué ici pour deux semaines, tu vois? C’est ça l’expérience du terrain que j’ai accumulée pendant toutes ces années… Blague à part, le plan B c’est l’Abkhazie mais le consul me regarde avec des grands yeux et me dit simplement de ne pas y aller car si j’ai besoin qu’on me sorte de là et ben on me laissera là-bas… Oui oui, étant donné que cette zone fantôme n’est reconnue que par quelques pays, ceux qui ne la reconnaissent pas restent dehors… Ok, je peux prendre le risque mais j’hésite… Plan C, c’est Baku en Azerbaidjan. Le souci c’est que je suis allé en Arménie avec mon passeport suisse donc il est grillé, j’ai donc déposé mon passeport italien à l’ambassade pour faire ma demande de visa et là le gars me regarde et me demande si j’ai un autre passeport… Non pourquoi? Parce que mon gars il n’y a pas le tampon géorgien sur ton passeport italien donc t’es rentré avec quoi ici en Géorgie où tu te trouves maintenant en face de moi?! Euhhhhhhhhhh… Avec ça… Et là je tente vraiment la grosse connerie… Je lui montre ma carte d’identité suisse!!! Là franchement je le prends pour un con, je le sais, il le sait surement et je pense que n’importe qui l’aurait su… Il me regarde, je le regarde et il me dit « Really? » Moi confiant je lui dis que oui, que je n’ai pas besoin de visa pour la Géorgie et que je suis rentré avec ça… Mais on ne t’a pas tamponné à l’entrée? Non! Et là j’insiste en lui montrant la carte l’air un peu débile et un peu naïf… Il regarde son collègue, lui parle en je ne sais quelle langue et le type d’à côté lui fait signe que c’est bon, enfin je crois, car il se peut qu’en fait ils se soient simplement dit que de toute façon ils s’en fichent et que s’il y a un problème ce ne sera pas le leur mais le mien… Moi en attendant j’ai payé mes 35euros de frais que la Bank of Azerbaijan a encaissé, donc franchement pour eux ça ne change rien… Mais pour moi, j’attends et me questionne parce que si le plan C ne marche pas, les derniers plans sont loin d’être satisfaisants…  Le D c’est d’aller par l’Iran… J’ai entendu de tout concernant l’Iran, avec la moto c’est juste trop chiant de rentrer là-bas, mais non tu verras il n’y a aucun souci, avec le passeport suisse tu ne peux pas faire la demande à l’étranger, tu dois la faire en Suisse, mais non tu peux le faire à l’étranger… Bref, moi demain je vais à l’ambassade que je n’ai pas eu le temps de trouver aujourd’hui… Si j’ai le visa iranien c’est cool mais le problème après c’est le Turkmenistan… Je t’en parlerai si c’est le plan D qui remporte la palme parce que franchement j’ai pas envie de t’expliquer mais sache que ça peut être un gros souci… Plan E c’est d’attendre que la route soit dégagée mais bon, attendre des deux semaines à répétitions ça va vraiment pas le faire… J’ai envie de bouger mais je ne veux pas tourner en rond en Géorgie, j’ai déjà donné, et la seule voie qui me permettrait d’avancer dans ce cas c’est celle qui mène à la maison… Plan F…