Il n’y a pas que les paysages qui valent le détour en Géorgie, certains sites, disons plus touristiques, sont vraiment étonnants… Bien évidemment il est nécessaire d’aborder les sites que l’on visite avec un certain état d’esprit, sans quoi la visite peut vite tourner à une simple banalité sans intérêt… Si je met en évidence ce point, c’est parce qu’en visitant les sites dont je vais parler dans cet article, j’ai pu observer comment certaines personnes « passent à travers » les lieux sans vraiment prendre le temps de les vivre… On vient, on passe, on prend une photo, on regarde la photo qui vient d’être prise et on repart… Un sens peut-être un peu flou que je ne vais pas forcément développer ici mais je pense que t’es assez malin pour lui donner une certaine netteté par toi-même…
Différents monastères peuvent être visités en Géorgie mais celui qui m’a le plus marqué se situe proche de la ville d’Akhaltsikhe, le monastère de Sapara… Faut dire que les informations sont justes inexistantes pour ce monastère, c’est d’ailleurs grâce aux conseils et indications d’un guide croisé plus tôt dans la matinée sur une terrasse que j’ai pu découvrir ce lieu… Arrivé là-bas, après avoir traversé une route en travaux, j’ai d’ailleurs dû attendre qu’une énorme machine finisse son boulot d’écrasement du mélange rocailleux déversé préalablement sur la piste pour pouvoir le faire, je me retrouve seul, personne sur place, juste moi et mon appareil photo…
Après avoir visité les alentours, je m’attaque à l’intérieur… Je m’attendais à trouver le même vide sidéral que j’ai pu rencontrer en entrant dans la plupart des monastères que j’ai visités les jours précédents, que ce soit en Géorgie ou en Arménie… Monastères dont le seul intérêt s’est porté sur l’architecture extérieure, très beau par ailleurs, mais il manquait quelque chose à ces enveloppes dépourvues de substances… Bref, l’entrée dans le monastère de Sapara a été accompagnée par une série de bouche ouverte jusqu’au sol et d’yeux globuleux d’enfants émerveillés… Je suis conscient maintenant que cet état a pu être donné par l’ascenseur émotionnel provoqué par la confrontation entre l’absence totale d’attente de ma part et la réalité de ce lieu… En attendant, sur le moment, j’étais aux anges… Je suis resté là, seul, immobile presque, à fixer les innombrables fresques abimées de ce monastère… Bon, j’aime les monuments religieux, c’est vrai, et je suis plutôt sensible à l’impact qui découle de ces pierres et de ces peintures murales dont l’histoire est toujours à découvrir puisque unique…
Je tombe alors sur des petites gravures qui sont, disons, de types profanes, hihi. Moi, je veux savoir c’est quoi ces inscriptions qui ont été faites sur les fresques!!! Qui a laissé faire ce genre de choses!! Je fais le gars outré mais en réalité ça donnait vraiment un plus à ces murs… Du coup je demande au type qui est là, confiant bien évidemment du fait qu’il parle anglais, c’est quoi ça?? Et là, grande surprise, le type parle un anglais presque parfait, loin du mien par ailleurs, et se laisse ensuite tout naturellement aller à m’expliquer le pourquoi du comment de ces inscriptions, le sens de chaque fresque et l’histoire de leur réalisation… Certaines ont été faites par trois générations de monarques régionaux qui ont chacun voulu effectuer une couche sur les strates précédentes, en mettant leur beau portrait en évidence, mwouais… Bref, comme quoi l’intrigue peut parfois te mener à une belle visite guidée donnée par le moine responsable du lieu…
Les inscriptions ont été faites par des inconnus, non répertoriés, après que les fresques aient été recouvertes d’une belle couche blanche et unie, volonté religieuse de rendre ce lieu pure de toute souillure, bravo… Du coup, lorsqu’ils ont voulu retrouvé ce qui se cachait en dessous, en se disant que c’était peut-être plus intéressant que d’avoir un lieu typé salle d’attente d’hôpital, ils ont remarqué que les marques avaient traversé la première couche, encore bravo… Bref, c’est clair que là t’es posé sur tes fesses en train de lire ces lignes avec le plus grand ennui en te disant que je me fous surement de ta gueule et peut-être même un peu plus en parlant de ça, genre Il est où l’intérêt là mon gars?!?! Ce qui est sûr, c’est qu’être sur le lieu avec le barbu dans sa toge, qui te parle d’une voix douce dans un lieu aussi apaisant que l’intérieur d’un lieu religieux, et ce de l’histoire de celui-ci, et ben je peux te dire que ça m’a juste donné des petits frissons… Non il n’était pas du tout attrayant le type, non non tu fais fausse route, c’est vraiment comme je te le raconte…
Ah oui, puisque j’étais seul et vu qu’il était bien content de l’intérêt que je portais à cette bâtisse et à tout ce qu’il me disait, il m’a laissé prendre des photos alors que c’est interdit… D’ailleurs quand d’autres visiteurs sont arrivés par la suite, eux, n’ont pas pu… Hihi! 🙂 Mais comme je te l’ai dit avant, ils sont venus, ils ont vu et ils sont partis…
Le monastère de David Garedja, au sud de Tbilissi, le long de la frontière d’Azerbaijan, n’est quant à lui pas forcément intéressant en soi, bien que, mais les paysages qui t’y mènent le sont et le parcours que j’ai pris l’est encore plus parce que c’était juste une blague!!!! Une piste herbeuse qui commence parfaitement, magnifique et vraiment agréable à rouler mais qui se transforme en un parcours à obstacle juste hallucinant!! Je capte rien, on m’a dit que des minibus passaient par là!! Tu te fous de moi, y a à peine la place pour ma bécane!! Bon, moi, comme un blaireau, j’ai suivi Maps.Me sans me poser vraiment de question avant d’arriver vers le monastère et de me rendre compte qu’il y a une autre route, une route tout bêtement… Bref, un autre bon moment de peine solitaire qui restera gravé dans ma mémoire…
J’étais tellement épuisé par cette piste et puisque je n’ai réussi à trouver que de l’eau provenant d’un vieux bidon bleu posé là à l’entrée du monastère, je me suis pas trop éloigné… Mais on m’a raconté que des douaniers azerbaijis se baladaient par là pour éviter que tu ne rentres dans leur territoire… Moi je suis resté là, juste là où tu me vois… Mais en rentrant j’ai profité d’un bel endroit perdu dans un petit village pour siroter un coca, petit péché des vacances en attendant qu’un villageois ramène une bouteille de 5l remplie d' »essence » pour dépanner…
Autre site splendide et plutôt singulier, la Cave de Prométhée… Wouahou!! Cave dans laquelle le petit malin a été jeté par le grand chef après avoir redonné le feu aux humains… Merci!! Une cave longue d’un kilomètre et des poussières mais ce qui impressionne ici, c’est la hauteur du plafond, ahah! J’ai déjà vu des caves du même genre en Bulgarie et en Grèce, mais là c’est d’une autre dimension…
Bon je vais m’arrêter là concernant les sites à visiter mais comme je te l’ai peut-être déjà dit, ici, c’est le pays en soi qui est beau… Le Caucase est à couper le souffle… Voilà, à plus!