Lorsque j’ai pu évoquer le fait que j’allais finalement aller en Ukraine, tout le monde me parlait de Lviv, Lviv et encore Lviv… Cette ville qui borde la frontière polonaise à l’ouest de l’Ukraine… Bon, étant donné que les paysages ukrainiens ne sont pas forcément d’une grande beauté, je me dis qu’il ne me reste plus qu’à visiter les villes… Après Odessa et Kiev, je me dirige donc à Lviv, cette fameuse Lviv dont tout le monde vente les mérites… Et puis de toute manière c’est sur ma route donc pourquoi pas… De l’autre côté il faut tout de même se rappeler qu’il y a une zone de conflit donc on va éviter d’y mettre les pneus, pardon, les pieds…

La route est un tantinet plus sympa que celle que j’ai pu faire entre Odessa et Kiev, mais ça reste plat et droit… Il fait beau, la route est bonne donc je ne vais pas me plaindre…

J’arrive à Lviv et je comprends tout de suite pourquoi tout le monde en parle… C’est simplement que ça ne ressemble en rien aux autres villes d’Ukraine que j’ai pu visitées, c’est une ville style Europe de l’Ouest… Presque échappée des mains de l’Union Soviétique, on retrouve une architecture qui fait de beaux yeux à l’œil critique des touristes qui s’y aventurent… Rues piétonnes, terrasses sympas, petits magasins et tout ce qu’il faut pour avoir l’impression d’être au top…

Après avoir passé plus de deux mois dans des pays marqués par l’emprunte soviétique, sauf la Turquie, j’ai l’impression de me retrouver un tout petit peu à la maison… C’est drôle mais ce n’est pas réellement plaisant car au fond je me demande ce que je fais là, alors que je pourrais être chez moi… J’ai cette mauvaise impression de perdre mon temps… A cela s’impose donc la question de savoir au fond qu’est-ce qui me fait plaisir lorsque je voyage… Qu’est-ce que je cherche? Je me rends compte que c’est le contraste avec mon chez moi qui me procure du plaisir et non de retrouver des lieux partageant un certain degré de similitude avec mon monde à moi… Au final je trouve ça un peu bête car ce sont des lieux intéressants et tout de même différents… Je me demande donc pourquoi j’ai cette impression… Lorsque je voyage seul à moto, j’ai besoin de ressentir le contraste, la différence… C’est un peu une sorte d’européocentrisme de réfléchir de la sorte et très certainement critiquable, je suis le premier à le faire… Mais c’est quelque chose que j’ai petit à petit surmonté pour pouvoir tout de même profiter de ces lieux, car ils sont à profiter, hihi… Le vrai souci, c’est qu’ils offrent un confort que je n’aime pas découvrir et vivre seul… Alalalalalala, le grand problème du voyage en solitaire, être seul! Et oui, je l’ai choisi mais je n’ai pas vraiment de problème avec ça… Sauf!!! Sauf quand justement je déambule dans des villes telles que Lviv et que je me dis parfois que j’aurais aimé être assis là à chiller avec quelqu’un… Je rencontre des gens et j’aime flâner tout seul, mais j’aime bien le faire dans un endroit miteux et totalement en opposition avec le confort que l’on a chez nous, ça c’est ok pour moi quand je suis seul, mais la belle petite terrasse avec le bon petit café ou le bon petit gâteau, j’ai plus de mal quand je suis seul…

Bon ok, tu vas très certainement me blâmer et me dire que je suis un petit con de chanceux qui ne sait pas profiter de ce qu’il a… Ok, mais je ne suis pas en train de pleurer dans un coin, je suis juste en train de soulever une réflexion par rapport à ce que je vis à travers ce long petit voyage…

Heureusement, je sors un peu des lieux touristiques pour me promener et je tombe sur quelques petits bijoux comme ce marché à moitié sous abris et l’autre tout bonnement sur le trottoir entre les voitures parquées et les gens qui passent… C’est con mais ça me met le sourire aux lèvres…

Bon effectivement là je ne souris pas, mais avant et après oui!!! Donc arrête de te méfier de ce que je dis!! Merci!

Ah, j’oubliais, heureusement il y a toujours cette très chère et tendre Lada qui m’aura accompagné tout au long du voyage jusqu’ici!! La Lada? Tu ne connais pas? C’est un peu comme la Fiat 500 en Italie, c’est la voiture conçue fin 1960 pour le peuple à l’échelle de l’Union Soviétique… D’ailleurs ils ont collaboré avec la marque Fiat, c’est peu dire… Bref, ces voitures c’est juste le rêve, petites, robustes et d’un design retro!! Que du bonheur! Il y a même une version 4*4, la Niva, mais coupé, sans portes à l’arrière, mythique! Je te promets, un jour je m’en achèterai une, un ancien modèle! Si je te parle d’elle, c’est parce que je me retourne toujours devant cette voiture et qu’ici à Lviv j’en ai vu quelques unes, bien plus rares qu’en Géorgie ou qu’en Arménie, dont une qui était abandonnée, la pauvre…

Bon ok je ne te fais pas rêver donc je vais m’arrêter là et te retrouver tout bientôt… Ah oui j’oubliais, Lviv est réputé pour son café et surtout pour son chocolat!! A Odessa et à Kiev, tu vois partout des petits cafés à l’effigie de Lviv te proposant un somptueux chocolat… Je ne me positionnerai pas là-dessus, mais habitant dans le pays du chocolat colonisé et d’origine ristretto, je ferais bien de m’abstenir…

La route qui me mène à Kiev est d’un ennui effroyable, c’est la route la plus pénible que j’ai pu faire jusqu’à maintenant… Il n’y a rien, mais strictement rien à voir et c’est droit, tout droit et le pire je pense, c’est plat… Bon, c’est vrai, la seule chose qui m’intéresse sur le moment, c’est d’arriver à Kiev et de pouvoir visiter cette ville, non de trouver la petite route parfaite pour mon petit plaisir de motard… Au moins une bonne chose, il fait beau et la route est comme un tapis de billard…

Arrivé à Kiev, je me retrouve dans une auberge de jeunesse perdue au fond d’une voie sans issue, je demande à la jeune fille travaillant à la réception si elle pense qu’il serait préférable que je mette ma moto dans le parking payant que j’ai aperçu juste un peu avant… Elle me regarde avec étonnement et me dit simplement que ce n’est pas dans la culture des ukrainiens que de voler… Ok, je prends une belle claque dans les dents de ma mentalité d’Europe de l’Ouest… Bon d’accord ma mentalité n’a pas de dents mais c’est une manière de dire, quoi que? On ne dit pas nourrir son, je m’égare ok j’arrête… C’est vrai qu’on a souvent l’impression que loin de la maison, on risque plus que ce soit au niveau de la violence ou des vols… Quand je dis que je vais voyager à moto en Turquie, en Géorgie ou en Ukraine, les gens me disent de faire attention, mais la vérité c’est que je ne me suis jamais senti en danger dans ces lieux et pour le moment je n’ai jamais été volé, au contraire de Genève où je vis… Dingkai, qui est maintenant rentré, s’est fait volé deux fois son casque… Une fois en Autriche et une fois en France… Et ceci après avoir passé plus de 4 mois sur les routes turques, géorgiennes, bulgares, etc… Comme quoi…

Bref, moi je lui fais confiance et décide de laisser ma bécane là devant l’auberge pendant les 4 jours passés dans la capitale ukrainienne…

Ce séjour m’aura permis de faire plusieurs choses, tout d’abord, j’ai vu un médecin… Oui, un médecin ukrainien, je ne suis pas fou, j’ai juste suivi le conseil de l’allemand rencontré à Odessa dont la femme fait l’éloge de la manual therapy dans son pays… Ok, je vais aller voir ça, enfin, je vais me laisser mener par la fille de l’auberge car sans elle, pas moyen de pouvoir trouver un de ces médecins et surtout pas moyen de pouvoir communiquer avec eux… Très rares sont ceux qui parlent l’anglais, même parmi les cerveaux de la capitale… Bon, on arrive dans cet hôpital privé, du moins sur le papier, et je me retrouve devant ce médecin qui, chemise à moitié ouverte laissant apparaitre ses poils, chaine en or sur le cou et bracelet scintillant sur l’un des poignets, me sert la main avec un grand sourire des plus chaleureux et rassurant… Le portrait parfait du petit mafieux local… Sa secrétaire, une sexagénaire presque sans dents mais avec un sourire des plus sincère note toutes les infos sur son calepin… Daria, la fille de l’auberge, traduit ce que je lui dis concernant ma douleur sur le haut du dos, le médecin me consulte, fait quelques manips et me demande si je suis d’accord de faire une radio et ensuite de faire une piqure d’une sorte de « cortisone »… Je lui dis ok, car le tout, avec la consultation et la manipulation osthéo qu’il va me faire, va me couter un peu moins de 20CHF… Oui c’est un hôpital privé et non ce n’est pas un petit baraquement poisseux caché au fond de je ne sais quel lieu abandonné avec un médecin plus que douteux, en tout cas plus douteux que lui…

Bref, au final je ressors de là 2h après et dès le lendemain je me sens un peu mieux, j’ai moins mal au dos et surtout j’ai l’impression de pouvoir gérer la douleur, quelque chose s’est passé grâce à cette « cortisone »… Oui j’insiste sur les guillemets car le gars a essayé de m’expliquer ce que c’était mais la seule chose que nous avons comprise, Daria et moi, c’est que ce n’était pas de la cortisone mais un truc un peu du genre… Pour le moment, pas de réaction bizarre à signaler… Mais c’était vraiment un moment sympa d’autant plus qu’il a été suivi d’une visite guidée privée avec Daria qui m’emmène sillonner la ville en dehors des lieux touristiques que j’avais déjà pu visiter…

Le soir d’avant j’ai réalisé une chose, c’est que tous les boulets que j’ai pu rencontrer durant mon voyage, et j’en ai rencontré des gens, c’était des français… Alors attention, je ne dis pas que les français sont tous des boulets, loin de là, j’ai rencontré des français exceptionnels à Tbilissi dont François, à Cracovie également, Antho et Med, et j’en passe, mais le peu de fois où je me suis rappelé que l’humanité produit également des déchets, c’était des français… Bon, faut dire que les italiens, mon peuple, ne voyagent qu’en groupe de mille et du coup je préfère tout simplement les éviter et je m’en porte plutôt bien comme ça… Bref, c’est vrai, la facilité de communication aide certainement à te rendre compte de qui est l’autre, car en anglais c’est peut-être plus compliqué pour moi, mais je ne pense pas que ce soit la raison de cela car beaucoup de choses se comprennent au delà du simple langage parlé… Mais celui-là, je pense, c’était un champion hors compétition, capable de te faire peur avec un regard et dès qu’il ouvre sa bouche, simplement parce que tu sens que le type est perdu dans ses idées et convaincus par les aberrations qu’il arrive à débiter avec une rapidité déconcertante… Surtout qu’il n’est pas là pour discuter, il est là pour parler…

Je ne vais pas non plus détailler toute la « discussion », car ce serait long et surtout ennuyeux, mais en gros le type détient la Vérité car il a tout lu, je précise, sur internet et que de ce fait il arrive à en ressortir une conclusion, ou plutôt une vérité, inattaquable car au fond t’as beau le contredire avec des arguments et des questions dérangeantes, il ne changera pas d’avis non parce qu’il argumente, mais parce qu’il l’a lu…

Quand tu essayes de lui faire comprendre certaines choses, tu passes pour un profane qui essaie de faire tanguer l’érudit, pardon l’abruti… Ça fait peur de te dire qu’il y a des gens pareils qui composent l’humanité… D’ailleurs, chose étonnante, malgré sa certitude, il essayait de se convaincre de sa position en ayant mon approbation sur sa manière de faire, il voulait pas me laisser aller dormir, chose que Daria a remarqué sur les caméras et qui s’est bien marré derrière mon dos, hihi… Bon, le problème pour lui, c’est que je suis un peu son parfait opposé, je n’ai aucune certitude et la seule pensée qui se rapproche d’une sorte de conviction, c’est que je suis prêt à remettre en question toutes mes opinions… C’est vrai que la phrase de l’un de mes enseignants d’histoire à l’université résonne souvent dans ma tête… On n’étudie pas pour trouver la Vérité mais on fait de la recherche pour soulever des questions… Ouais bon ok, ça sonne mal mais honnêtement je ne me rappelle pas exactement de ce qu’il a dit, j’étais jeune étudiant et j’étais convaincu qu’il fallait trouver les réponses aux questions, ben ce prof m’a amicalement fait comprendre que ce n’était pas le but et que de ne pas savoir n’est pas un problème, bien au contraire… Ça permet une chose simple, c’est d’admettre qu’on ne sait pas…

Ben ce toulousain n’a pas réussi à comprendre qu’il ne pouvait pas savoir, là, derrière son ordinateur, la pensée profonde d’un type comme Obama, oui oui, c’est ce qu’il a affirmé, car il a tout lu… Ahahahahahahahahahahah… Je te dis pas à quel point j’avais envie de pleurer tellement j’étais halluciné, surtout que le type prétendait être prof de français et d’anglais alors qu’il esquivait toute conversation en anglais que j’essayais de lancer pour essayer d’intégrer les autres au dialogue… Pauvres générations futures si des types comme lui sont censés leur montrer la voie… Bref !!!! Si je te parle de lui, c’est parce que je pense que je m’en souviendrais toute ma vie de ce type louche qui nous a interrompu, un jeune turque et moi qui discutions de la situation en Turquie après le coup d’état raté de cet été 2016, pour me demander en français si je connaissais la vérité sur la situation en Palestine… Mon gars, t’es bien gentil mais on parle d’autre chose !! Et non je ne la connais pas car c’est un peu compliqué comme sujet pour connaître la Vérité !! Et d’ailleurs quelle vérité tu veux savoir ?!?!

Bref, là je m’énerve, je peux discuter sur n’importe quel sujet mais avec quelqu’un qui veut discuter, non avec un type qui veut simplement passer pour un cerveau brillant alors que la seule chose qui brille en lui c’est la folie dans ses yeux… La seule vraie erreur que j’ai faite ce soir là c’est d’avoir affirmé que j’étais de Genève alors que je savais qu’il parlait français puisque l’accent de la plupart des français quand ils parlent anglais ne peut pas se cacher… Désolé les gars mais c’est vrai et tout le monde vous reconnaît !! Non, qu’est-ce que tu dis ?!? Non je n’ai jamais dit que je n’avais pas de certitude !! Oh grand non jamais !!

J’ai également fait la rencontre d’un jeune journaliste de République Tchèque qui est resté un mois dans l’est ukrainien où une guerre sévit entre l’Ukraine et la Russie… C’est dingue, avant d’y aller, je ne savais même pas qu’il y avait un conflit là-bas, et encore moins que des gens meurent toutes les nuits pour je ne sais quelle raison… Car oui, le conflit se passe de nuit, lorsque les observateurs internationaux repartent pour boire des coups ou téléphoner à leurs familles… C’est ce qu’il raconte… A 17h, ils s’en vont et les bombardements reprennent… Moche, très très moche… Car oui on le sait tous, les crimes ont des horaires de bureau… Moi je m’endors avec son récit et la volonté de l’oublier d’une certaine manière…

Mis à part les rencontres que j’ai pu faire, ah oui j’oubliais, une américaine motarde !!!! Stella !!! Incroyable fille qui rêve de sillonner le monde sur une moto !! Je divague, mis à part ces rencontres, Kiev aura été la dernière ville vraiment marquée par la patte de l’URSS, car ma destination suivante a été Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, une ville qui m’aura gentiment rapprochée du monde de l’Europe de l’ouest, la fracture je l’ai senti entre ces deux villes… Mais encore plus en entrant en Pologne…

Bon tu l’auras très certainement remarqué, j’ai balancé les photos un peu au hasard au gré de mes envies sans réel rapport avec ce que je racontais, mais!! Et oui il y a un mais! C’est simplement pour ponctuer mon texte de petites pauses ludiques afin de te permettre à toi de prendre le temps de voir quelques petites images représentants un peu Kiev… Bon c’est vrai, de un, c’est ringard et de deux, j’ai pas vraiment fait beaucoup de photos à Kiev en fait, je m’en suis rendu compte après coup mais honnêtement je n’en avais pas tellement envie sur le moment… Ah, et puis bon, le texte parle tout de même de Kiev, donc au final c’est pas vraiment au hasard…

Bien, alors voilà, par le plus grand des hasards, j’ai entendu un jeune qui disait avoir visité Tchernobyl… Alors peut-être toi tu ne trouves pas ça étonnant car tu étais déjà au courant, ne te la pète pas merci, mais on peut visiter Tchernobyl, enfin les restes… Je ne le savais pas et du coup je me suis dit que ça pouvait être intéressant…

Bon, il faut quand même débourser une petite somme en tant qu’étranger pour pouvoir y aller car bien évidemment tu ne te pointes pas là-bas comme un champion avec ta propre voiture, non non, c’est strictement contrôlé, enregistrement, contrôle passeport à trois différents check-points et j’en passe… Donc voilà pourquoi tu sors les biffetons… Sur le chemin, la guide nous montre de petites séquences vidéos qui expliquent ce qui s’est passé en avril 1986 mais aussi qu’il y a plus de radiations lorsque l’on prend l’avion que lorsqu’on va actuellement visiter Tchernobyl… Donc no souci!!! Enfin, t’as dit l’avion??? En tout cas dans la vidéo, avec leur bidule qui mesure les radiations et ben on voit très bien qu’à bord d’un truc qui flotte dans les airs ça grimpe bien plus que les endroits visités sur le sol infecté de Tchernobyl!! Super!! En tout cas je suis rassuré!

La guide est vraiment une guide, toujours à nous dire qu’il faut faire gaffe, que c’est pour notre sécurité mais que l’on ne doit pas s’inquiéter, blablablaba, histoire de pimenter l’excursion et de nous faire encore plus savourer l’instant… Mwouais… Après, sur le terrain franchement elle vérifie à moitié ce qui se passe et nous dit tout le temps qu’on n’a pas le droit d’aller à cet endroit normalement mais vu qu’il n’y a personne on peut rentrer dans la petite maison juste là, mais vous ne me prenez pas en photo, ok? Bon, tu rentres dans la maison et tu te rends compte que c’est disposé plutôt étonnamment bien pour que ça soit « joli » à voir… Bref, du grand cinéma… Ça n’enlève en rien à l’impression donné par l’endroit, plutôt frisant, mais la guide aurait pu faire mieux… Je pinaille ok mais bon j’avais envie de le soulever… Ah oui, juste avant la visite, dans le petit bus, on nous passe la bande annonce d’un film d’horreur qui se déroule à Tchernobyl… Merci qui?!?! Une idée qui fait sont effet une fois sur place…

On a un parcours d’un peu près 5h pendant lesquelles on ne s’arrête pas une seconde, c’est la course et moi je suis toujours le dernier parce que je n’aime pas visiter les lieux avec des gens autour de moi, bon on est une petite dizaine, ça va mais quand même… La guide s’en fout, elle trace et nous demande de ne pas nous perdre… Alors je te jure j’ai cru les perdre une bonne dizaine de fois tellement c’est la jungle là-bas! Entre route devenue forêt, carcasse de voitures  et autres, tu perds vite de vue le groupe! Bon, je suis toujours là donc ça va…

On a vu une espèce d’énorme antenne, mais vraiment énorme!! La guide ne savait pas trop à quoi ça servait car apparemment les dossiers concernant cet engin seraient sous scellé à Moscou classés secret défense… Encore du mystère pour nous émoustiller!! Mais c’est vraiment impressionnant…

Le réacteur n°4 qui a explosé a été recouvert une première fois par un sarcophage… Imagine toi qu’il y a des types, des « volontaires » qui ont dû aller enlever les débris et ensuite monter un sarcophage énorme sous une radioactivité telle qu’ils ne pouvaient rester sur place que quelques minutes, voire secondes… Ils sont venus de toute l’ancienne URSS, pas seulement de l’actuelle Ukraine… Sur certaines parties qui devaient être nettoyées, elle nous dit qu’il y avait 25 fois plus de radioactivité en une seule heure que ce que le corps peut supporter en une année avant de mettre sa vie en danger… Bon, ils sont sympas les patrons, ils ont quand même essayé de faire bosser des robots, mais la radioactivité était si forte qu’ils tombaient en panne… Donc Vlad, Igor & Co c’est à vous! La blague quand tu sais qu’ils ne savaient pas forcément à quoi ils allaient faire face et qu’en attendant le gouvernement cachait la dangerosité du phénomène… Non non restez là tranquille, pas besoin d’évacuer, c’est inoffensif! Bon en fait non, allez on bouge, il y a eu un accident il y a un peu plus de 24h, mais prenez le minimum car vous serez de retour dans 2-3 jours!! Et oui, l’espoir fait vivre, mais le mensonge par contre…

Si tu n’arrives pas à reconnaitre le sarcophage, je ne peux rien faire pour toi, je n’arrive pas à mettre de flèche sur la photo, mais tu devrais pouvoir t’en sortir… Bon, depuis, la communauté internationale a investi je ne sais combien de milliards pour fabriquer un autre sarcophage qui sera la plus grande structure mobile jamais construite… Car il est construit juste sur la droite de l’image précédente et une fois terminé, ils vont le faire glisser sur des rails pour recouvrir le vieux sarcophage…

Je ne sais pas toi, mais moi je préfère nettement plus l’ancienne version… Donc en fait, si tu mets les deux photos l’une à côté de l’autre t’as une vue panoramique sur les deux éléments… Grosso modo…

 Ensuite place au parc de jeux de Pripyat… L’une des plus tristement fameuse…

La visite se termine par celle d’une ancienne école primaire… Le bâtiment est grand et l’on peut se balader comme bon nous semble pendant un petit quart d’heure… Une des pièces rassemble les masques à gaz prévus pour les enfants… Non pas pour l’explosion nucléaire qui a eu lieu, mais pour une éventuelle attaque du… du…? Du grand ennemi américain!! Et oui, c’est le comble car au final c’est de l’intérieur que la menace a « explosé »…

Ouais t’es d’accord?! Si tu regardes furtivement on dirait un planisphère derrière la chaise… Bon ok, si tu regardes vraiment très furtivement…

Bon, voilà… Honnêtement c’est un endroit qui marque d’une manière ou d’une autre… Que ce soit pour les lieux insolites, la nature qui reprend ses droits après à peine 20ans en recouvrant tout et bien évidemment la Vie qui s’est simplement enfuie de ce lieu abandonné et ça se ressent… Mais c’est touristiquement profitable…

Ah oui, petite anecdote… Pendant la visite dans l’école, je me ballade tout seul, j’entre dans les différentes salles et à un moment je veux prendre une belle photo d’un bureau avec une sorte de liseuse sur celui-ci…  Je me déplace dans la pièce pour trouver le bon angle, la bonne lumière, bref, je suis concentré, je trouve enfin le bon lieu pour prendre ma photo et là… Un truc me tombe sur la nuque… Un petit truc… Assez lourd pour que je le sente, mais pas assez pour que je m’y attarde… Je reprends le viseur et de nouveau ça me retombe dessus… Le flip!!! C’était des gouttes qui tombaient du plafond!! C’est con mais sur le moment ça ne m’a pas tranquillisé avec l’autre, la guide, qui nous dit de faire attention, de ne pas toucher ci, de ne pas faire cela, et moi je me lave à l’eau locale!!! Bon, à la fin de la visite, on passe dans des sortes de détecteur de radioactivité et je suis passé… Mais ils étaient plutôt vieux ces détecteurs maintenant que j’y pense…

Enfin il est là!!! Le fameux bateau qui a été renvoyé au moins une centaine de fois va larguer les amarres! 48h de navigation sur une mer plate… C’est cool, on est à peine une cinquantaine de passager, le reste c’est des camions, des wagons et quelques véhicules privés dont ma moto… Ça change des traversées à l’italienne… Du coup ma petite moto, au lieu de se retrouver à côté d’une centaine de voiture, ben là elle est accompagnée par de jolis vieux wagons à moitié rouillés… D’ailleurs la montée sur le bateau s’est faite tout doucement, c’est pas du tout fait pour des deux roues!!

L’arrivée en Ukraine a été magnifique et d’une grande efficacité administrative comme tu peux te l’imaginer… La blague du siècle vient d’être dite!!! Le bateau est arrivée au port ukrainien aux alentours des 20h et moi je suis sorti du port à? à? Oui à? Non pas 20h, non! Pas 22h non plus, non non! Pardon?! Presque!! C’était 3h du mat!!!!! Oui 3h du mat, c’est à dire plus de 6h après que le bateau se soit posé, moi j’ai quitté le port en pleine nuit sans avoir encore d’hôtel réservé, rien, et avec encore une petite demi-heure de route avant d’arrivée en ville!! Magnifique! Sans oublier que la région d’Odessa est contrôlé par une mafia locale puisque Kiev est juste dépassé par tout ce qui se passe sur son territoire… Super!

Bon, franchement c’était drôle!! Enfin non, j’avais envie de massacrer des innocents sur le moment, mais là maintenant que j’y repense je me marre bien! C’était juste une blague! Une demi douzaine de bureaux à devoir trouver, oui trouver car quand t’arrives dans l’un des bâtiment qui t’ont été indiqués, le seul type présent que t’arrives à chopper n’en sait rien de ce que tu dois faire! Mais mec, je suis pas au supermarché!! Je suis bloqué dans ce foutu port donc tu devrais savoir, toi, qui « bosse » là (t’as fait gaffe aux guillemets j’espère) et qui n’en fout pas une, où est-ce que je dois aller pour faire je ne sais pas quoi?! Parce que non j’en sais rien, mais alors foutrement rien de ce que je dois faire et de ce que l’on me fait faire… Pas un mot en anglais, juste des signes m’indiquant la direction, des tampons sur des papiers que je dois trimbaler dans tout le port pour ensuite devoir retourner à l’un des bureaux où je suis déjà passé pour qu’on me dise en fait que ce n’est pas là mais là-bas, de l’autre côté que je dois me rendre… Tu vois l’immeuble gris qui a l’air complètement abandonné et sans lumière? Oui? Ben c’est là que tu dois aller… Ok mais je dois aller où dans cet immeuble de 5 étages? Je dois y faire quoi? Vas-y je te dis! Tout ça en ukrainien bien-sûr donc t’imagines ma tronche quand j’arrive là-bas et que j’ai l’impression d’être le protagoniste d’un film d’horreur : seul, pas d’entrée clairement indiquée (je te promets j’ai tourné autour de l’immeuble), que des petites lumières, des couloirs vides avec des dizaines de portes en bois sans aucunes pancartes, du coup tu ouvres les portes, ça grince, c’est sombre, c’est vide, t’entends rien, sauf ta respiration et ton énervement intérieur parce que tu n’es même pas certain d’être dans le bon taudis… Enfin une porte s’ouvre vers la Lumière! Pardon la lumière, une simple ampoule qui éclaire la pièce où une odeur de fumée s’incruste immédiatement sur toi et de l’ombre tu vois une femme débarquée te faisant de grands signes, genre c’est pas là mon gars! Ok t’es complètement bourrée et je le vois, pardon je le sens, mais tu peux m’indiquer où je dois aller?! Là, rentre un autre type, habillé en militaire, un jeune qui commence à s’engueuler avec l’alcoolo en prenant mon papier à moitié tamponné dans sa main… Moi je regarde et j’attends parce que franchement c’est assez beau et de toute manière je ne sais pas quoi faire d’autres… L’alcoolo veut plus faire de tampon, c’est plus l’heure! Ahahaha tu te fous de ma gueule là?!?! Du coup le militaire m’embarque avec lui, on sort, on se balade un peu parce que de toute manière on a le temps… On trouve enfin un gars qui a un de ces trucs pour tamponner et me tamponne mon papier!! Yes!! J’ai plus ou moins 4 tampons différents et de couleurs différentes sur un papier dont je ne sais l’utilité… On me dit Va!! Ahaha, non non on me montre de la main que c’est par là-bas, un peu genre va te faire f***** là-bas et arrête de nous emmerder! Tu vois très bien quel genre de geste! Enfin, j’arrive à la barrière de sortie mais il y a un dernier contrôle, de toute manière un de plus un de moins, on ne compte plus là…

Il est plus ou moins 2h du mat, il y a moi et un groupe d’allemands avec une magnifique voiture de 1951 (je l’ai su après coup) et lorsque l’on montre nos papiers respectifs, la dame nous fait non de la tête! Quoi?!?! C’est quoi le souci? Il nous manque un tampon, oh putains!! Mais lequel? Et surtout où est-ce que je dois me le procurer? Dans quel immeuble délabré? Quel bureau de détention? Vers quelle vapeur d’alcool? Heureusement l’un des allemands parle Russe, il communique avec elle et ensuite je le suis, on rebrousse chemin avec nos véhicules, on cherche l’homme à tampon, on le trouve après un moment et tout content on revient à la barrière… Niet! Quoi niet?!?! Là je te traduis les signes « on est le 6 et vos tampons sont du 5″……………. Grand moment de solitude avant de lancer une centaine de jurons en français, en italien et en anglais! L’autre s’y met en Russe et on est à deux doigts de déglinguer cette dame! Non mais c’est juste hallucinant!!! On insiste, rien à faire, il faut retourner rechercher un « 6 août » sinon on ne sort pas… Putain mais c’est un bout de papier de merde qui ne sert à rien!!! Vous faites juste genre on a une administration sérieuse alors que vous ne savez pas ce que vous faites et vous faites tous la même chose!! Oui j’ai eu droit à 3 contrôles de mon numéro de chassie!! Du coup on est reparti pour un tour!! Je pourrais monter une société pour aider les touristes qui débarquent au port pour leur faciliter les démarches administratives tellement j’ai tourné et tourné dans ce trou! Et là encore c’est le bordel pour trouver le bon tampon car le type est parti, ben oui, on était les derniers!! Un gars louche avec une kalachnikov se balançant posée en bandoulière sur l’épaule nous dit de le suivre, il nous mène vers un jeune qui s’occupe des camions de marchandises… Il a aussi le tampon, ouf!!! Il faut quand même t’imaginer que tout ça s’est déroulé dans un port jeté dans une obscurité dont seulement quelques lampadaires rudimentaires éclaires quelques lieux… Bienvenue en Ukraine!! Bon, il me reste une trentaine de km à faire sur une route non éclairée pour aller me trouver un lieu où dormir… Je vais finalement partager un appart avec le groupe d’allemand! T’es quand même content dans ces moments de partager la dernière ligne droite avec d’autres gaillards…

Le lendemain c’est la découverte d’Odessa… Des gonzesses et des bureaux de change… Voici Odessa… Tiens c’est bizzare, il y a un lien entre les deux? Ah oui, la mafia et le blanchiment d’argent… C’est pour ça que le taux de change d’Odessa est si avantageux par rapport au reste de l’Ukraine, car là-bas c’est pour nettoyer qu’on fait du change, par pour gagner de l’argent… Mis à part ça, la petite ville balnéaire est plutôt agréable et très animée…

Bon c’est vrai qu’il n’y a rien de très balnéaire ou d’animé dans mes photos mais bon, je n’aime pas trop la plage et je n’aime pas la foule donc voilà!!

Comme je te l’ai dit avant, j’ai rencontré cette équipe allemande… Même si en fait elle était composée d’un allemand, d’un autrichien et d’un arménien… Ahah!! Bref, l’allemand en question se baladait en Géorgie et est tombé sur cette voiture de 1951, un modèle russe qui a plus ou moins copié un modèle américain… Il a donc décidé de l’acheter et de l’amener lui-même à Berlin avec un ami et un mécano… La voiture était juste magnifique, plus de 2 tonnes pour une cinquantaine de chevaux… La carrosserie semble avoir été peinte avec une peinture à eau pour les appartements… Bref, bien sûr j’en profite pour faire des photos de la bête pendant qu’ils démontent et remontent le moteur pour en renforcer l’une des composantes… M’en demande pas plus…

Voilà tout!! Ah oui, avant de me jeter en Ukraine, je me suis dit que j’allais préalablement appeler l’ambassade suisse à Kiev pour avoir des infos sur les lieux que je voulais traverser… Elle me dit que de Kiev à l’ouest c’est ok mais pour Odessa, « Ben c’est Odessa »… Oui, tout comme toi je me suis demandé ce que ça pouvait bien vouloir dire…