C’est vrai, j’ai pu dire et affirmer que les routes en Pologne étaient plutôt droites et pas très sensationnelles… Mais c’est en fait la première journée dans ce très beau pays qui m’a valu ces quelques réflexions peut-être un peu trop hâtives et désireuses d’autre chose… Car au fond quelques courbes sous ces belles robes vertes touffues ne peuvent qu’être un gage de plaisirs… Je parle du paysage polonais petit coquin…
Du coup, je m’en vais sur google maps tenter de dénicher des courbes sans pour autant tomber dans le dédale de village sans grand intérêt pour les quelques chevaux qui dorment entre mes cuisses… Je parle du moteur de ma moto petit vicieux… Oui, ces chevaux qui ne demandent qu’à être un tantinet lâchés pour se dégourdir les jambes… Outre ces bêtes désireuses de cavaler, le rebord de mes pneus jalousent bien trop la bande centrale qui est bien la seule à se frotter sur le bitume chauffé par le soleil de ce magnifique été… Les virages nous manquent à tous et c’est donc pour cela que je m’engage à en dénicher afin de retrouver un certain équilibre entre les membres de cette belle famille…
Que de surprise en surprise cette Pologne qui aura au final su réveiller à nouveau les sensations laissées sur des parcelles de route turque et géorgienne… A défaut de monter, c’est le zigzag dans les forêts qui remplira bien cette tâche devenue indispensable pour éviter le drame conjugale entre ma femme à deux roues et moi…
La route passe néanmoins forcément au milieu de village plus ou moins désert où il est difficile de passer à côté du néant et de certaines décrépitudes… Bien souvent tu les aperçois un peu au loin avec le seul désir de pouvoir t’hydrater et trouver quelque chose à mâchouiller… Mais c’est la plupart du temps peine perdue car c’est le vide généralisé qui règne dans ces villages… Il te faudra repartir avec le mince espoir qu’au suivant ils auront eu l’idée de mettre une petite échoppe rien que pour acheter du pain…
Facile dans ce pays de trouver des lieux où poser ta tente loin des petits regards bien que l’une des fois où je l’ai fait, une voiture de police est venu m’interpeller en polonais avant de se rendre compte que mon anglais ne ressemblait en rien à leur langue… Une demi pastèque dans ma main gauche et mon couteau dans l’autre, je me rapproche un peu plus pour leur montrer mes jolis dents et mon visage angélique porté pour l’occasion… Au final, c’est un Welcome in Poland accompagné d’un joli sourire qui aura fait disparaitre le regard sévère et les mots réprobateur qu’ils ont lancé pour initier l’échange… L’absence de feu sur le campement les a peut-être convaincu de mon air inoffensif et réconforté malgré mon couteau après peu planté dans la pastèque… Ou simplement la flemme de devoir communiquer dans une langue que l’un ne reconnaissait peut-être même pas et que l’autre ne maitrisait que trop peu… Chanceux de ne pas devoir tout remballer pour aller m’installer ailleurs, je m’endors avec le bruit du vent qui caresse le feuillage grinçant de cette fin d’été… Le réveil quant à lui aura été des plus plaisant puisque l’une des rares pluies que j’ai rencontrée durant ce voyage frappait gentiment ma tente de ses gouttes heureusement légères…
Je reprends la route après avoir bu un café dans une station essence et découvre après peu un ciel qui s’ouvre gentiment pour laisser place à un ballet de nuages qui se perd dans l’horizon lointain tout en laissant apparaitre un dégradé de bleu qui contraste merveilleusement bien avec le blanc ouateux…
Les routes polonaises m’auront donc au final tout de même réservé de belles rencontres malgré le premier contact un peu glaçant du premier jour…